Visite de chantier : viaduc de la Dordogne pour la ligne LGV

Rédigé par DE JESUS Thibault, DUPRAT Marin, ROUSSEAU Léo, NAVASSE Corentin, CHILON Alexandre (groupe 110).

Le 26 Novembre 2013, nous sommes allés visiter un chantier de TP dans le cadre de l’IUT. Le chantier que nous sommes allés visiter était le Viaduc de la Dordogne. Il est situé dans la ville de Cubzac-les-Ponts, tout près du fleuve de la Dordogne, à 35 km au Nord de Bordeaux. Il s’étend sur les deux côtés du fleuve de la Dordogne.

Cette visite de chantier a pu nous faire découvrir la réalisation d’un ouvrage d’art (un 5 viaduc), ainsi que différents procédés de réalisation. Elle nous a également permis d’acquérir un certain vocabulaire technique indispensable pour notre futur professionnel.

Présentation du chantier

La LGV SEA Tours-Bordeaux s’inscrit dans le programme prioritaire de 2000 kilomètres de lignes nouvelles à grande vitesse engagé par l’État d’ici à 2020, soumis à la loi de programmation du 3 août 2009 relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’Environnement.

Cette nouvelle infrastructure mettra Paris à 2h de Bordeaux à une vitesse de voyage de 350 km/h en moyenne lors de sa mise en service en 2017 et permettra le passage de la ligne LGV entre Bordeaux et Tours.

Cet ouvrage d’art sera l’ouvrage le plus imposant de la ligne : 1319 m. Lors de la conception de cet ouvrage, les entreprises ont cherché à réaliser une ligne LGV avec une direction de plus en plus droite dans tous les plans par rapport à une ligne TGV, avec une raideur importante, ce qui les a amenées à séparer le viaduc en trois parties pour une pente minimale :

  • Viaduc principal de 800 mètres de longueur composé de 9 travées.
  • Viaduc d’accès Nord de 342 mètres de longueur.
  • Viaduc d’accès Sud de 117 mètres de longueur.

Durant cet ouvrage, il sera réalisé 302 km de lignes et 40 km de raccordements. Dans le chantier total, il sera posé 1200 km de rails.

Acteurs du projet :

  •  RFF
  • LISEA (maitre d’ouvrage) (Vinci)
  • COSEA (conception et construction) (Vinci)
  • MESEA (exploitation et entretien) (Vinci)
  • Organismes de contrôles

Cet ouvrage recouvre deux grands enjeux primordiaux pour les utilisateurs et les voyageurs :

  • Dans un premier temps, cet ouvrage apporte un gain de temps considérable et très important pour la liaison Paris-Bordeaux qui n’est pas négligeable pour tous les voyageurs.
  •  Dans un second temps, lié au gain de temps, cet ouvrage apporte un gain d’argent énorme pour le réseau ferré de France, car cet ouvrage permet de libérer l’exploitation de la ligne actuelle pour développer les TER. Cet ouvrage apporte également des emplois supplémentaires et importants dans toutes les régions se situant autour de la ligne, ce qui est un point non négligeable.

Le chantier visité est basé sur un financement public-privé d’un total de 7,8 milliards d’euros, c’est-à-dire qu’à la finition et à la mise en marche de l’ouvrage, l’État touchera un pourcentage sur le gain des péages, mais l’entreprise touchera également un pourcentage sur ce gain. Cependant, ce type de financement apporte un risque plus important pour le chantier.

Quelques chiffres :

  • Durée de la conception : 7 ans
  • Vitesse d’exploitation : 350 km/h
  • Montant du partenariat public privé : 7,8 milliards d’euros
  • Plus de 8000 emplois
  • 500 ouvrages
  • Plus de 220 espèces protégées faune et flore

Ce chantier s’organise sous 4 grands axes :

  • 2010 à 2012 : étude préalable
  • 2012 à 2015 : étude et construction des infrastructures
  • 2015 : mise en place des réseaux
  • 2015 à 2017 : mise en marche de l’ouvrage
Cet ouvrage prend également en compte un impact environnemental primordial de nos jours. En effet, l’implantation des piles pour la réalisation de l’ouvrage a été effectuée en alignement avec les piles du viaduc voisin pour ne pas perturber le comportement de la rivière. Cet ouvrage met en œuvre également une technique innovatrice pour la réalisation des portiques du chantier.

Description des travaux :

Les parties du viaduc aux extrémités (parties Nord et Sud) étaient pratiquement achevées, il manquait juste le tablier. La structure des viaducs Nord et Sud est en acier, contrairement au viaduc principal qui est en béton armé.

Lors de notre visite, nous avons principalement pu observer le viaduc principal pour lequel les élévations des piles n’étaient pas finies, et pour certaines piles, le tablier en cours de construction.

Pour se rendre au pied des piles, nous empruntons l’estacade qui permet la circulation des engins et des hommes au-dessus de la Dordogne (approvisionné). L’estacade est un élément primordial dans la construction du pont car sans elle, tout devrait se faire par bateau, et avec un courant important, ce serait difficile. Sa construction a duré 6 mois, et c’est un pont évidemment provisoire. Elle est composée de pieux et de tabliers, et de conduites qui permettent d’amener eau, boue et électricité sur chaque lieu de travail (pile). Des plates-formes de travail seront alors installées pour travailler au pied des piles.

Présentation des étapes de construction du viaduc au-dessus de la Dordogne :

Batardeaux/Fondations :

Les batardeaux permettent de réaliser les piles du pont au sec. Les batardeaux sont réalisés à l’aide de palplanches qui sont maintenues entre elles grâce à la pression de l’eau à l’extérieur du batardeau. Ils sont renforcés par des butons de renfort. Une fois le batardeau en place, les ouvriers viennent enfoncer les pieux, jusqu’à un sol stable, qui supporteront la pile. Une fois les pieux installés, les ouvriers coulent une dalle dans le fond afin de le rendre totalement étanche (effet bouchon). Ils pompent ensuite l’eau à l’intérieur, afin de pouvoir réaliser les piles au sec.

Batardeau
Batardeau

Piles

Les piles sont coulées sur place petit à petit à l’aide de coffrages. Les ouvriers coffrent, ferraillent, coulent, ensuite ils remontent le coffrage et répètent ces étapes jusqu’à ce que la pile soit à la hauteur voulue.

Pile
Pile

Voussoirs sur pile

Après avoir fait l’élévation de la pile, il faut créer une liaison entre la partie inférieure du pont et la partie supérieure du pont. Cette liaison se nomme chevêtre, elle permettra de transmettre les charges qui viennent du haut vers la pile et les fondations.
Il faut ensuite monter des voussoirs sur les piles. Le ferraillage de ces derniers est fait sur place, sur la plateforme de stockage. Ce ferraillage est monté sur une pile puis il est coffré afin de pouvoir le couler directement au-dessus de la pile.

Voussoir
Voussoir

Équipage

Il faut alors relier les voussoirs sur piles entre elles. Pour cela, il a fallu concevoir un équipage (coffrage) pour chaque élément du pont (piles, voussoirs sur pile…) de la forme voulue par l’architecte. Ces équipages sont constitués d’éléments de sécurité comme des barrières ou des escaliers pour passer de la partie inférieure à la partie supérieure. Ils sont assemblés à terre puis mis en place.

Les ouvrages en béton qui arrivent sur place déjà fabriqués sont en béton précontraint, ce qui leur permet d’avoir une meilleure résistance en traction car le béton supporte mal la traction. Pour le reste, c’est-à-dire les ouvrages qui sont coulés sur place, on va faire passer un câble à l’intérieur, dans des trous prévus pour, on va alors tendre ce câble pour comprimer le béton. Cela appliquera le même effet que le béton précontraint.

Deux personnes nous ont fait visiter le chantier et ont pu nous apprendre de nombreuses choses sur la construction d’un pont : un conducteur de travaux et un coordonnateur SPS. Le conducteur de travaux nous a donné quelques informations sur son métier. Nous avons appris que ce dernier travaille environ de 7h à 20h par jour. Il a réalisé tout son cursus à la FAC en Licence option Génie Civil. Suite à son stage effectué pendant sa formation, il a été directement embauché après l’obtention de son Master. Cette personne a quelques pressions du côté du temps, du matériel et du personnel. Enfin, le conseil qu’il a pu nous donner pour conclure la visite, c’est de faire de nombreux stages pour avoir vraiment conscience des conditions réelles sur le terrain, ce qui nous permettra de mieux comprendre et mieux expliquer les tâches à réaliser aux professionnels qui seront sous nos ordres.

vue-de-linterieur

Dans le chantier de travaux publics que nous avons visité, il y a tout un ensemble de métiers regroupés pour former une équipe complète sur ce projet. En effet habituellement on affecte à un chantier un conducteur de travaux et un chef de chantier, or sur ce projet il y a 3 conducteurs de travaux et encore plus de chefs de chantier ayant chacun une équipe à superviser pour un total globale d’environ 8000 emplois au plus fort du chantier.

Durant la visite on nous a expliqué différentes étapes du chantier notamment la mise en place un pont provisoire sur la Dordogne permettant d’accéder plus facilement aux différents endroits du projet. Ces travaux provisoires permettent par exemple d’alimenter le chantier à tout endroit en électricité :

De plus nous avons aussi pu voir l’intérieur du Viaduc. Finalement nous avons pu admirer le travail dans sa globalité qui ne représente pourtant qu’une petite partie de la construction totale de la LGV.

 

Nous tenons à remercier Stephane CARRER de Vinci qui nous a accompagné lors de cette visite.